D'amour ou d'amitié. [PV Layla]

Alec était dans le parc, par un après midi, beau, mais pas forcément trop chaud. Une température cependant agréable, proche de dix degrés certainement. Alors il se baladait en jean, basket et polo, ainsi qu'une doudoune sans manches. Tranquille et décontracté en somme. et alors qu'il attendait quelqu'un, le jeune homme réfléchissait. A cette année de terminale des plus étranges. Ils étaient en Décembre, et les cours commençaient seulement à reprendre leur rythme normal et quotidien depuis une semaine. Pourtant dans le lycée, tout le monde sentait que l'esprit des élèves et des professeurs n'y étaient pas encore. La prise d'otages qui avait eut lieu marquait encore les esprits, et le lyonnais revoyait certains évènements juste en passant dans le grand hall d'entrée. Il y avait aussi eut d'autres conséquences pour lui, sur un plan plus personnel. Comme la fin de sa relation avec Azure, ou plutôt le retour au stade du simplement amis. Mais pour le peu qu'il avait vu, cela semblait bien se passer entre Robin et elle, de nouveau. Lui pendant ce temps, essayait de se faire une raison, et de prendre un nouveau départ. Ce qui l'avait amener à discuter plus avec Layla. Il fallait dire que par deux fois maintenant, ils avaient survécu à des histoires impliquant des armes à feu. Et que ce genre de choses rapprochaient les gens. A tel point, qu'il commençait à se demander s'il voyait maintenant simplement en elle une amie, ou bien si petit à petit, il ne tombait pas amoureux d'elle. C'était d'ailleurs celle-ci qu'il attendait, lui ayant proposé un cinéma.

Layla était, nous l'avons vérifié de nombreuses fois, de nature relativement excentrique. Elle ne se soucait pas beaucoup du regard des autres, pour peur qu'elle ne s'en fiche, et l'idée de rentrer dans le moule ne lui avait pas traversé la tête ne serait-ce qu'une seule fois. Pourtant, ce jour là, elle avait longuement hésité, devant les deux portes ouvertes de son armoire qui croulait sous les vêtements aussi étranges et originaux que la demoiselle qui les portait, à être pour une fois semblable aux autres. Pourquoi ? Pour une idée saugrenue qui avait traversé l'esprit de la blondinette ce matin là : et si j'essayais d'être comme les autres ? Certainement qu'il y avait une raison cachée derrière tout ce chamboulement dans l'esprit de la demoiselle qui se remettait soudainement en cause, mais pour l'instant, Layla n'avait pas cherch à s'en préoccuper. Non, d'ailleurs, son esprit était captivé par un tee shirt, ou du moins ce qu'il en restait qui pendouillait lamentablement d'un des étages de l'armoire de miss blondinette qui l'attrapa en haussant les épaules. Fin de la réflexion intense, il n'y avait pas de normalité, il n'y avait pas de moule commun, alors pourquoi se soucier de détails comme "qu'est ce que je vais bien pouvoir mettre qui me fera paraître comme tout le monde ?"

Layla s'empressa donc d'enfiler rapidement cette chose verte pomme qui n'avait plus de tee shirt que le nom, sauf si avec deux bretelles de couleurs differentes recousues à la place des originales, ça compte comme le fait que ça reste un tee shirt ... Elle attrapa une jupe bleue turquoise qui traînait sous son lit, enroula une loooongue écharpe rose bonbon autour de son cou et sortie en trombe de sa chambre après avoir vu l'heure, avant de finalement revenir sur ses pas, attraper son sac et repartir en courant, pour peu qu'elle ne soit déjà pas assez en retard. Car si Layla ne savait pas être discrète, elle ne savait pas non plus être à l'heure. Et elle arriva ainsi en catastrophe, à moitié essouflée au parc ou Alec l'attendait déjà, en lui faisant de grands signes. Lorsqu'elle fut en face de son ami et après avoir repris son souffle, lui avoir fait la bise histoire de ne pas paraître plus mal polie que ce que son image de retardataire laissait sous entendre, elle lui déclara, enthousiaste :

-Coucou !!! Excuse moi, je suis ... encore ... en retard ... Désolée.

Rajouta t-elle en se frottant le dos de la tête dans un signe d'excuse. Qui ne dura pas longtemps, puisque son grand sourire joyeux repris le dessus rapidement, éclaircissant le visage de la demoiselle.

-Tu va bien ?

Le jeune homme attendait, tranquillement assis sur un banc du parc, perdu dans ses pensées, à des lieues de là où il était justement. Perdu dans des réflexions personnelles, alors que dans sa tête revenait une chanson de Céline Dion, chanteuse que sa mère pouvait écouter à longueur de journée, tout comme lui préférait Madina Lake, Three Days Grace ou Keane... enfin, pas le même univers. Et pourtant, sans même le vouloir, les paroles lui revenaient en tête à ce moment là. En dehors du fait que ce n'était pas lui mais elle. Il regarda sa montre. Cinq minutes. Mais ce n'était pas grave. Ayant remarqué l'habitude qu'avait la demoiselle de ne pas pouvoir arriver à l'heure, il avait donné une heure de rendez vous avec une heure d'avance sur celle du film. Lorsqu'il vit à un moment de loin une forme encore indistincte mais très colorée arriver dans sa direction, il eut un sourire et fit de grands signes. Elle s'excusa en récupérant son souffle.

- Ne t'en fais pas, il n'y a rien de grave, attendre ne me dérange pas.

Il lui sourit.

- Je vais bien, et toi ? Toujours aussi originale à ce que je vois.

C'était un compliment, il ne fallait pas en douter, au ton qu'il employait.

Alec ne put s'empêcher de rire.

- Layla...

Il secoua la tête.

- Il ne peut rien m'arriver à Lyon en cinq minutes !! Et puis tu devrais savoir vu tout ce qui nous est déjà tombé dessus que je saurais me défendre et que j'ai assez de réflexe pour éviter tout projectile ou presque.

En effet, il avait beau être rapide, le jeune lyonnais ne pourrait pas pour autant éviter une balle qui l'était beaucoup lus que lui. Mais il n'y avait pas de ce genre d'histoire dans les environs.

- Ne change pas, cela te va très bien. C'est bien de se démarquer.

Après tout lui aussi le faisait avec ses mitaines et sa veste de cuir. Donc l'un dans l'autre, être un mouton ne lui plaisait pas.

- En fait j'allais te proposer de boire un verre au café juste à coté du cinéma, ça te tentes ?

Le soleil, un peu de vent, une grande amie sur qui compter, et un bon film. Que demander de plus dans le contexte qui avait été le leur ? Pas grand chose certainement. Que tout soit calme et sans nuage noirs pour obscurcir cette journée. Il eut un léger sourire. Cette énergie toujours débordante et communicative, c'était agréable de la savoir présente. Le jeune lyonnais lui devait beaucoup, il le savait. Depuis cette fameuse fusillade, ça avait été assez dur pour lui. Chris n'avait pas été là, et avait certainement du se remettre de plus encore que lui. Ce qui pouvait expliquer son absence longue durée. Avoir le temps de transformer tout ça en passé.

- Depuis Octobre. On était le premier le jour de la fusillade.

Puis Alec la regarda, légèrement surprit.

- Ça se voyait tant que ça ? Je suis désolé de t'avoir fait te causer du sang d'encre. Te rajouter des problèmes alors que chacun avait déjà les siens suite à ça. Mais tu as raison, je vais mieux. Et c'est à toi que je le dois, alors merci, pour tout.

Les deux jeunes gens arrivèrent tranquillement au café "Le Bureau" et se posèrent à une table. Maintenant ils étaient à trois mètres du cinéma, alors tout retard était impossible. Lui se prit tranquillement un diabolo violette, une habitude lorsqu'il venait ici, avant de prendre un coca dans le cinéma avec le gobelet de 1L.

- Qu'est ce que tu prends ?

Alec eut un léger rire crispé.

- Oui, je sais. Mais je n'aime pas de manière générale que les autres voient mes problèmes. Chacun à les siens, et je n'aime pas en rajouter. J'ai l'habitude de me débrouiller par moi-même. Mais non, je ne doute pas de ton sens de l'observation.

Chacun commença à boire de sa boisson tranquillement. Cette énergie qu'elle avait, c'était franchement incroyable. Il l'enviait d'un coté, de toujours tout voir avec autant de positif. Lui n'en avait pas été capable. Enfin, pas avant un long moment. Même encore maintenant, quelque fois il replongeait dans une espèce de déprime.

- En fait j'hésitais entre plusieurs : Madagascar 2, Igor, Largo Winch, The lost Door ou The Spirit. A toi de voir.

-The Spirit !

Répondit Layla à la question d'Alec après un moment de réflexion.

-Mon père avait la bande dessinée à Londres, je la lisais souvent quand j'étais petite.

Elle eut un regard rêveur vers le ciel, comme si elle pouvait y revoir les images de l'album que son père lui avait trouvé dans une brocante. Pour une fois qu'il s'était occupé d'elle ... La jeune fille secoua la tête, chassant les pensées négatives qui venaient s'y nicher. Finalement, elle reporta son attention sur le thé qui tournait dans sa tasse au rythme de la cuillère de la demoiselle. Elle porta la tasse à ses lèvres, la reposant immédiatement sur la table tant le liquide était chaud dans un grand sursaut qui eut pour effet de faire sa chaise se balancer dangereusement en arrière, et sans plus attendr, Layla se retrouva, de même que sa chaise, allongée par terre.

Elle se redressa, remettant sa chiasse, frottant ses vêtements, puis ses paumes de mains qui étaient toutes écorchées, Layla ne voyait d'ailleurs pas comment elles pouvaient s'être meurtries puisqu'elle n'avait fait une chute que de quelques centimètres. Elle rassura d'un signe de la main les deux serveurs et les quelques clients qui venaient voir si tout allait bien, et envelloppa ses deux mains dans une moitié de sa serviette en papier.

-Quelle idiote ! Excuse moi, je suis trop maladroite ...

La jeune femme répondit rapidement à sa question concernant le film qu'elle voulait voir. Et à dire vrai, s'il avait du faire un choix, il aurait sans doute fait celui-là également. La suite se déroula si rapidement qu'Alec n'eut pas le temps de réagir. il se leva de sa chaise pour l'aider à se relever, et Layla rassura les clients.

- Quelle idiote ! Excuses-moi, je suis trop maladroite.

Alec lui sourit.

- Ce n'est rien. Ne t'inquiètes pas.

Seulement l'état des mains de la jeune fille n'échappa pas à son œil inquisiteur. Alors il l'entraina vers les toilettes.

- On devrait aller nettoyer ça pour éviter l'infection.

Le lyonnais nettoya doucement les plaies et fit partir le sang qui était apparut.

- C'est mieux comme ça. Fais juste un peu plus attention. Je m'en voudrais de te renvoyer blessée à tes parents.

Mais son ton était très doux, et il se sentait vraiment bien avec elle. Le temps passa, et ils continuèrent à discuter de tout et de rien jusqu'à l'heure du film où ils entrèrent dans la salle. Alec paya la place de celle-ci, qui n'eut pas le droit de protester.

- J'ai dit que je t'invitais à te faire un cinéma avec moi, chez moi ça veut dire que je le paye aussi.

Puis ils se posèrent dans la salle. La proximité faisait que son cœur battait légèrement plus vite. Et le fait de la savoir avec lui, lui plaisait. inconsciemment, il savait ce qu'il se passait déjà. En ignorant si elle de son coté voyait ou pas la possibilité d'être plus qu'amis.

Layla eut une moue en l'entendant lui dire qu'il lui payait sa place, et que c'était sans appel. Elle soupira, levant les yeux au ciel.

-Pffff ... Tu exagères ! Je peux payer ma place toute seule !

Ceci dit, c'était une phrase dans le vent, Layla savait parfaitement qu'il ne la laisserait pas faire et qu'il insisterait, pour lui payer coûte que coûte. Elle n'en dit donc pas plus, le laissant payer pour eux deux. Ils se dirigèrent vers la salle et s'assirent tranquillement, attendant que le film commence. Ce qui ne tarda pas. Et alors que la lumière devenait plus sombre, Layla glissa à l'oreille d'Alec :

-Merci.

Et de lui déposer un bisou sur la joue, avant de se recaler dans son siège, fixant l'écran sur lequel les premières images du film commencaient à défiler.

Alec eut un léger sourire. Il savait très bien que malgré la protestation de celle-ci, il arriverait à la faire céder. Après tout, ce n'était que lui faire un petit cadeau, et surtout, il avait été apprit dans cette manière de faire les choses. Se montrer galant et poli, ne pas laisser les amis tout payer, et puis ses économies étaient au beau fixe ces derniers temps, alors il pouvait se le permettre. Lorsqu'elle le remercia, le jeune homme eut un sourire, et rougit légèrement à la bise, mais celle-ci ne put guère le voir, grâce au noir. Tout comme la bande dessinée d'origine. Tout se passa très bien. Alec regarda un moment Layla, qui semblait plongée dans le film. Le jeune homme posa sa main sur l'accoudoir, et donc en même temps sur celle de son amie. Cela la gênerait elle ?

Alec était légèrement nerveux. Bien sur le noir facilitait les choses, puisque pendant ce temps là, on ne pouvait pas vraiment voir son visage. Mais il sentait les pulsations de son cœur se faire plus fortes. Lorsqu'elle retira sa main, il sourit doucement et lui répondit.

- Ce n'est rien, ne t'en fais pas.

n'avait elle pas deviné que c'était volontaire, ou bien au contraire s'en doutait elle et cela l'effrayait il un peu et cherchait elle à le dissuader d'aller plus loin sans le blesser parce qu'elle savait que sa rupture avec Azure l'avait blessé plus qu'il ne l'avouait ? Le jeune homme ne retenta pas l'expérience pendant la durée du film, le regardant lui aussi. Cela avait été une bonne séance. En bonne compagnie. Que demander de mieux ? Le duo sortit.

- Alors, le film t'a plut ?