Version alternative 2 : Et si chris n'avait pas su pour le test.

Il y a des moments où la vie semble si idéale qu'on ne pouvait que souhaiter qu'elle continue ainsi. Tout semblait nous sourire, les difficultés paraissaient si simples qu'elles en étaient des jeux d'enfants, et que progressivement on en venait à baisser sa garde et à commencer à croire que la vie était un long fleuve tranquille. Seulement voilà... c'est toujours lorsque l'on ne se méfie pas assez de ce qui pourrait se produire qu'arrive ce qui pourrait bousculer tous les établis. Seulement voilà, que voulez vous... le proverbe qui disait que l'amour rendait aveugle était sans aucun doute vrai pour certaines choses. Mais là tout cela était bien loin des pensées de Chris. En effet lui était juste un jeune homme amoureux, pour qui la vie en couple se passait bien et qui vivait la routine sans même le ressentir. D'ailleurs aujourd'hui encore le Volturno allait voir celle qui avait son cœur. Toquant à sa porte. Ce fut Alessio qui répondit.

- Bonjour Chris.
- Bonjour Alessio. Comment vas-tu ?
- Très bien et toi même ?
- Je me porte comme un charme.

Alessio et Antonio. Les deux frères de Lina. Leur arrivée avait changé pas mal de choses, et il y avait toujours des tensions présentes entre l'ainé et le jeune homme, mais rien qui ne soit trop grave heureusement et qui conduirait la demoiselle à devoir faire un choix douloureux. Après tout elle avait besoin des deux, et ça chacun l'avait comprit. D'ailleurs la jeune femme arriva.

- Coucou mon ange. Ça va ? Tu as l'air un peu pâle je trouve. Un coup de froid ?

Un oiseau qui se pose sur une fenêtre, un autre qui vient le rejoindre en lui apportant un ver de terre. Un soleil à l'horizon. Le vent, secouant les branches d'un arbre. En vérité, c'était une multitude de petite chose qui nous donnait le sourire. Et il y avait dans ce monde, une multitude de chose pour nous faire profiter de la vie. Son bonheur à elle, elle l'avait trouvé ici. C'était toutes les petites chose qui faisaient qu'il était lui qu'elle aimait. Et le fait de l'aimer, ça ça la rendait heureuse. Pour une fois, elle avait l'impression que tout lui réussissait, qu'il n'y avait aucun problème et que tout se déroulait comme elle le souhaitait. Oui, pour une fois elle se sentait...epanouie. Un frisson parcourut son corps. Oui, enfin elle le serait encore d'avantage si elle n'était pas malade. Un coup à la porte. Un sourire. Lina détacha enfin son regard des deux oiseaux avant de se lever et de dévaler les escaliers en trombe:

-Fais attention banane, tu vas te casser la figure. Il va pas partir ton...Ton copain.

Elle grommela légèrement à la remarque d'Antonio, avant d'embrasser son amour et de retrouver le sourire:

-Ah bon ? Mais non, je vais très bien !

-Si, elle est malade ces temps ci, mais madame n'aime pas le médecin. Déclara Alessio devant son film.

Elle soupira tout en secouant la tête:

-Ils ne disent que des bêtises ! Et toi, ça va ?

Le bonheur se fait de choses simples, mais les gens ont tendance à l'oublier sans doute. Pourquoi ? Parce que l'humain aime bien voir les choses de manière compliquées. Cela fait partie de sa nature. Même lorsqu'il n'y a pas besoin de faire des détours, celui-ci semble avoir l'étrange faculté de chercher le chemin le plus long pour parvenir à son but. Sauf que là, pour le jeune couple, il n'y avait aucun but. Non, rien hormis profiter de la situation, un jour après l'autre. Tranquillement, sans se poser guère plus de questions qu'un terminale normal. Savoir sur quoi pourrait porter les questions de leur prochaine interro, qu'est ce qu'ils prévoiraient de faire ce week end, la météo pour les jours à venir. Des banalités rassurantes et quotidiennes.

- Je suis en pleine forme. Comment ne pourrais-je pas l'être alors que je viens te voir ?

Antonio grommela quelque chose entre ses dents que personne ne comprit, mais c'était sans doute une phrase à l'encontre de ce qu'il pouvait appeler les niaiserie de couple qui lui donnaient envie de vomir. Par contre la remarque d'Alessio fit légèrement froncer des sourcils à Chris.

- Tu es sûre ?
- Comme si elle pouvait répondre franchement quand cela concerne un médecin.
- Je me sens très bien !
- Mon ange, je ne veux pas mettre ta parole en doute, mais tu as l'air vraiment pâle...

Le jeune homme posa son front contre le sien, Lina faisait de la température.

- De plus tu as de la fièvre. Donc même si tu n'aimes pas les médecins, nous allons y aller. Je préfère m'inquiéter pour rien, plutôt que l'inverse, d'accord ?

-Bien dit ! Merci Chris.

-On n'avait pas besoin de toi, on l'aurait emmené.

La jeune femme soupira aux remarques de ses frères, puis se tourna vers Chris avec un regard noir:

-Juste parce que ces deux idiots te disent que je ne suis pas bien ! Mais je vais très bien ! Inutile de vous inquiétez comme ça !

Puis elle se calma et dit usage de on merveilleux regard de chiot battu:

-Pourquoi perdre son temps chez un médecin, quand on peut avoir meilleur programme sans se prendre la tête...?

L'italienne esquissa un grand sourire puis lui saisit la main afin de l'emmener dans sa chambre.

Comment être prit entre deux feux. Chris savait que la jeune femme n'aimait pas les médecins, mais en même temps mieux valait diagnostiquer un problème tout de suite s'il y en avait vraiment un. Mais en même temps, cela n'était peut-être rien de grave au final. Un simple coup de froid. Après tout la météo était assez changeante ces derniers temps.

- Ces deux idiots sont tes frères ainés et ne font que leurs rôles.

Bien entendu la jeune femme tenta de le faire céder, pour ne pas aller dans une salle d'attente. Le Volturno opta pour une semie solution entre les deux. Il partit chercher un verre d'eau avec un doliprane et une couverture.

- Au choix mon ange, tu prends les précautions d'usage en cas de coup de froid ou bien je t'emmène au médecin. Mais je ne veux pas que tu te négliges. Donc fais ton choix.

Elle soupira en baissant à moitié la tête:

-Ah ouais...Donc j'ai le choix entre médicament, on me met aux petits soins ou bien le médecin.

Chris hocha la tête, fier de lui:

-Magnifique, mon amour. Je te détèste tu le sais ça ?

Il rigola légèrement avant qu'elle avale le médicament et de prendre la couverture sous son bars. Elle le fit se poser sur son lit et s'installa entre ses jambes avant de poser la couverture sur elle. Puis la jeune femme saison son magasine et l'ouvrit à la page où elle était restée:

-De quoi ça parle cet article ?

-Hum...Des jeunes mamans. Tu sais qu'il y en a qui on mon âge et qui attende un enfant ? Je trouve ça dingue. Tu imagines tous les sacrifices que tu dois faire par la suite ? Bouh. On attendra hein mon amour ? Vers 25 ans, je ne dis pas. Mais là, maintenant, hors de question !

Choisir entre Charybde et Scylla. Echappez à l'un et l'autre vous aura. C'était un peu la situation actuelle. En tous les cas entre deux maux Lina choisi donc le moindre, avant de monter avec son petit ami dans sa chambre, et sa remarque ne pouvait l'amener qu'à le faire rire. La demoiselle commença à lire un article, et Chris lui demanda quel était le sujet évoqué par celui-ci.

- Encore j'ai entendu dire à la télé je crois que la plus jeune grand-mère du monde avait vingt-neuf ans. Elle a eut sa fille à quinze ans et celle-ci à eut la sienne à quatorze. Pour des adolescents, je ne crois pas que ce soit effectivement la meilleure des idées. Un enfant, c'est une responsabilité, c'est certain... et je suis plutôt d'accord pour le fait d'attendre. Ce sera mieux pour lui et pour nous que nous ayons une situation plus stable. Je ne parle pas de la maturité, ça, nous l'avons tous les deux, juste des moyens financiers pour s'assurer que cette petite ou ce petit ne manquerait de rien. Que nous puissions l'éduquer dans de bonnes conditions.

Le jeune homme l'embrassa doucement, se penchant sur elle.

-Et tu sais quel âge à la plus jeune maman au monde ? 5 ans. Tu imagines ? 5 ans.

Le petit air choqué de Chris la fit sourire et elle secoua la tête avant de continuer à lire son article:

-Tu imagines tout ce que tu sois sacrifier quand tu as un enfant aussi jeune...?

L'italienne releva la tête, attendant la réponse de son petit ami:

-Oui. Tes études, tes amis, les soirées, le sommeil, le sport...

il plongea son regard dans celui de son ange avec une grande intensité et un sourire tendre:

-Les moments à deux...

La jeune femme sentie ses joues rougir fortement et elle baissa la tête alors que Chris rigolait légèrement et lui fit relever la tête pour l'embrasser.

- Il est impossible que la plus jeune maman du monde ait cinq ans, réfléchis un peu Lina...

Chris secoua la tête amusé. Il fallait tout de même faire preuve d'un peu de bon sens et d'esprit critique lorsqu'on lisait quelque chose, notamment dans ce domaine et dans des revues dont le sérieux pouvait être contesté, à moins qu'elle n'ait cherché à l'embêter bien sur.

- C'est physiologiquement impossible. Une petite fille de cinq ans n'est pas assez mature physiquement pour porter un enfant. En plus que le moindre rapport entrerait dans le domaine de la pédophilie.

Avoir un enfant assez jeune pouvait conduire à pas mal de sacrifices oui. Mais le jeune homme savait que si cela lui était arrivé, ces sacrifices n'auraient rien représenté pour lui.

- Un enfant deviendrais la priorité absolue, sans aucun doute. Mais en même temps tout ce que tu as cité fais aussi partie des choses qui permettent de se construire. C'est pour cela que dans tous les cas, il est mieux d'attendre.

Le baiser était doux et tendre, précautionneux.

- Je t'aime.

Tout semblait si bien aller. Le couple était sur un petit nuage. Mais lorsque celui-ci allait percer, la chute ferait sans aucun doute très mal. Le seul ennui était que personne encore ne le voyait venir, ce qui allait largement assombrir leurs journées.

-Je t'aime aussi !

Elle continua à lire son magasine, puis se redressa en vitesse. Chris la regardait, un peu surpris. Elle posa sa main sur sa bouche, enleva la couette rapidement avant de se lever et de courir vers les toilettes. L'italienne rassembla ses cheveux, les empêchant de tomber avant de vomir. Son frère aîné monta aussitôt les escaliers en trombe et lui frotta le dos. Chris s'approcha, les yeux grands ouverts alors qu'Antonio soupirait:

-C'est la onzième fois en une semaine. A part ça, mademoiselle va très bien et n'a besoin de personne.

Chris ne put s'empêcher d'être surprit lorsque la jeune femme se redressa soudainement. Après tout la seconde d'avant elle était bien. Par contre la phrase de son frère le fit froncer des sourcils. Onzième fois sur sept jours ? En effet quelque chose n'allait pas, là c'était certain. Le jeune homme allait commenter mais son portable sonna, il décrocha en voyant le nom de sa mère.

- ...
- Oui.
- ...
- Je vais les chercher et j'arrive tout de suite.

Sa mine était inquiète.

- Tout va bien ?
- Mon père est à l'hôpital, il a eut un accident, ma mère dit que ce n'est rien de grave mais certains de ses papiers sont chez nous. Je vais aller les chercher et partir à l’hôpital. Je peux vous laisser emmener Lina chez le médecin.
- Bien sur.
- Tenez moi au courant.
- Pareil de ton coté.
- Ce sera fait.

Le Volturno salua sa belle avant de finalement partir au pas de course, n'ayant pas vraiment le temps de trainer.

Chris quitta la demeure et Lina se releva précipitamment pour le rejoindre:

-Attends moi !

Sauf qu'elle manqua de tomber et qu'Antonio la saisit par la taille:

-Tu es devenue folle ?

-Mais son père...

Il secoua la tête d'un air catégorique avant de l'emmener dans sa chambre et de lui mettre un gilet. Puis il la porta jusqu'au médecin. Le chemin fut silencieux et l'italienne avait bien saisit qu'il ne valait mieux pas le chercher. Antonio resta dans la salle d'attente pendant que le médecin examinait sa soeur. Puis en sortant, elle déclara qu'il n'y avait rien d'autre qu'une petite gastro.

Chris n'avait pas prit le temps d'attendre. Il ne l'avait pas. Même si sa mère lui disait que tout allait bien, une sourde inquiétude commençait à lui traverser la poitrine. Quelque chose dans sa tête lui disait que c'était plus grave que ce que celle-ci ne laissait entendre. Le Volturno récupéra les papiers et enfourcha son vélo directement. L'italien démarra au quart de tour et continua sans ralentir. L'hôpital il savait exactement où celui-ci était et comment gagner du temps par des raccourcis, même si ceux-ci n'étaient pas très conseillés à vélo, encore moins alors que la pluie commençait à tomber. Celle-ci augmenta d'ailleurs rapidement, devenant vite une pluie diluvienne. Mais ce n'est pas cela qui allait l'arrêter. Le jeune homme finit par arriver au lieu des soins, trempé et largement essoufflé, mais donna les papiers à sa mère.

- Chris, mais dans quel état tu es ?! Tu aurais du attendre que le temps se calme.
- Je n'avais pas le temps. Et de la pluie ce n'est rien par rapport à la santé de Papa.

A cette phrase sa mère détourna légèrement le regard.

- C'est plus grave que ce que tu as bien voulu en dire au téléphone, n'est ce pas ?
- Ne m'en veux pas. Je ne voulais pas que tu t'inquiètes.
- Dans ce cas c'est le mot hôpital que tu aurais du éviter. Mais j'aurais tout de même fini par le savoir.

Katty aurait sentit l'état de leur mère, capté ses pensées et sans aucun doute comprit que, quelque chose était arrivé à leur père et aurait donc immédiatement prévenu son ainé.

- Que s'est il vraiment passé ?

-Tu es certaine ?

-Oui, rentres. J'aimerais bien être un peu seule. Et puis la pharmacie ce n'est pas très loin de chez nous !

-Tu as raison. Ne traînes pas trop. Sinon, tu seras punie !

Elle esquissa un sourire et ils se séparèrent. A la pharmacie, elle soupira longuement avant de prendre une petite boîte et d'aller la payer:

-Vous avez des toilettes s'il-vous plaît ?

Elle paya et le pharmacien lui indiqua le chemin. Elle y resta à peu près 2 minutes avant de s'en aller. Il pleuvait mais elle n'utilisa pas son parapluie. L'italienne se retrouva trempée en moins de deux. En marchant, elle fixait le sol d'un air stoïque. Puis, la jeune femme regarda le "bâton" qu'elle tenait entre les mains.

"+"


En une seconde. Une seule. Le temps qu'il fallait à une goûte pour arriver sur elle. En une seule seconde. Sa vie venait de changer.

Patrizia regardait son fils sans vraiment le faire. Elle ne savait vraiment pas comment lui annoncer ça. Mais face à son impatience grandissante, le fait qu'elle le sentait nerveux, et savait par expérience que son fils ne supportait pas l’hôpital, celle-ci parla tout de même. De toute manière mieux valait que ce soit elle plutôt qu'un aide soignant totalement étranger à leur famille.

- Ton père rentrait du travail, tranquillement. Il y avait un bouchon sur la route, rien d'inhabituel en soi. Elio roulait vers la maison. Mais alors qu'il passait devant une petite ruelle, un camion a sortit brusquement de là alors que ça n'aurait pas du être possible. Il a percuté de plein fouet la voiture qui a fait trois tonneaux.

Le visage du Volturno se figea dans l'horreur.

- Et Papa ?
- La ceinture la plus ou moins aidé, un de ses bras est cassé, les cotes légèrement fêlées mais rien de grave grâce aux airbags et il est gardé en observation pour que l'on s'assure qu'il n'y ait pas de traumatisme crânien vu qu'il était inconscient quand les secours sont arrivés.

L'italien tomba sur sa chaise, abasourdi et secoué.

- Et le chauffeur du camion ?
- En cellule de dégrisement. Apparemment il avait deux grammes d'alcool dans le sang.

Les poings de Chris se serrèrent. Ce qu'il détestait ça, les gens qui se laissaient aller à la boisson pour oublier leurs ennuis. Mais il ignorait encore qu'une toute autre nouvelle venait d'arriver, et que celle-ci le concernait de très près.

Elle rangea l'objet dans son sac avant de rentrer chez elle. Alors qu'elle marchait, elle ne songeait à rien. Son visage était stoïque et ce, même quand l'orage commença à éclater. Une fois devant sa porte, elle leva le visage et poussa un léger soupire.

-LINA NOM D'UN CHIEN !

Elle écouta la dispute de son frère aîné sans broncher et monta dans sa chambre quand il le lui ordonna.

-Tiens. Elle n'a pas bronché.

-Pour une fois qu'elle le fait, je ne vais pas m'en plaindre !!!!

Son père était dans le coma. Du moins pour un temps. Tout ça à cause d'un abruti qui ne pouvait s'empêcher de boire, et qui en prime prenait le volant dans cet état. Chris avait envie d'exploser en cet instant. Comment pouvait on se montrer aussi irresponsable. Et le fait que sa mère ait tenté de minimisé les choses ne l’aidaient pas à se calmer, loin de là. Non, là e qui lui venait c'était plutôt une colère sans bornes.

- Je vais prendre l'air.
- Tu devrais...
- Je me moque de la pluie.

Franchement c'était le dernier de ses problèmes en cet instant. Non, là lui avait envie de frapper, et mieux ne valait donc pas qu'il reste dans cet hôpital qui en prime lui donnait rapidement mal à la tête. Mais au delà de tout ça, ce qui motivait cette colère, c'était sans aucun doute la peur. Peur 'apprendre que son père ne se relèverait pas de ça et qu'une vie serait perdue à cause d'une connerie comme l'alcool. Certes ont devait tous mourir un jour, mais quitte à voitr partir ses parents, Chris préfèrerait que ce soit juste de vieillesse. Alors il resta là sous la pluie, cherchant un moyen de se calmer. La présence de Lina l'aurait sans doute rassuré, mais elle était malade et il ne voulait pas lui en rajouter.

La jeune femme observait le plafond tout en commençant à réfléchir. Comment faire...Que faire... Elle repensait à la conversation qu'elle avait eu avec Chris. Non, il n'était pas prêt. Elle ne l'était pas plus. Mais elle ne pouvait pas lui imposer ça. Alors comment faire ? Elle ne pouvait pas rester avec lui et garder l'enfant. Un plan. il lui fallait un plan. Elle saisit son portable tout en soupirant:

¤Tu vas bien...? Et ton père ? Rien de grave pour lui j'espère ? Réponds moi vite, je suis inquiète.¤

Oui, inquiète. C'était le mot juste.

Chris était là sous la pluie, contre les murs de l'hôpital, mais tout ce qu'il aurait souhaité, en cet instant, c'était être ailleurs. Surtout au vu de ce qu'il avait apprit. Comment une journée qui avait commencé si tranquillement pouvait elle virer au cauchemar ? C'était impossible. Le jeune homme allait se réveiller d'un instant à l'autre de son cauchemar et en rire, soulagé. Mais il eut beau se pincer, cela ne fit que laisser une belle marque rouge sur son bras. Son portable sonna.

¤Franchement... je n'en sais rien comment je vais. J'ai l'impression d'être vide et mort de peur... Mon père à plusieurs cotes touchées et pour le moment il est inconscient. Je ne sais pas quand il se réveillera et les médecins ne sont pas encore capable de dire s'il y a eut trauma crânien ou pas.¤

Franchement il n'était pas pas croyant, mais là il voulait bien prier pour ne pas voir soudainement l'âme de son père apparaitre devant ses yeux, tout mais pas ça franchement, il ne voulait pas de nouveau perdre quelqu'un d'aussi proche.

La jeune femme soupira. Elle se demandait depuis combien de temps elle était enceinte. On lui avait dit que les premiers signes étaient aux alentours des deux mois. Elle passa en revue toutes les fois où ils l'avaient fait et elle ne voyait pas quand cela avait pu arriver. Elle ne se souvenait pas ne pas s'être protégée.

"Lina...Je vous conseille de faire un test de grossesse."

Elle entendait encore la voix du médecin lui dire ça.

¤Oh, j'en suis désolée. Mais ne t'en fais pas, ça ira ! Ton père est quelqu'un de fort. J'ai confiance. Tu veux que je vienne ?¤

Pourquoi fallait il que sa tombe sur son père ? Qu'est ce que celui-ci pouvait bien avoir fait de mal pour se retrouver maintenant à l'hôpital ? Celui-ci ne méritait pas cela. Vraiment pas. Il avait toujours fait tout ce qui était possible. Le pressentiment dans le cœur de Chris ne s'en allait pas, au contraire, c'était pire. Dans la salle de surveillance, un bip continu se fit entendre, mettant les infirmiers en état d'alerte. Apparemment les conséquences étaient plus graves que prévues. une des côtes avait provoqué une hémorragie.

¤Uniquement si tu te sens assez en forme pour venir. Je ne veux pas non plus que ton état empire mon ange, surtout qu'il fait une pluie diluvienne.¤

Pluie sous laquelle lui-même était en train de rester. Mais il s'en fichait. L'italien ferma les yeux et eut une mauvaise surprise en les rouvrant.

*Papa ! Retournes dans ton corps immédiatement !*
*Chris je...*
* Accroches toi ! Je refuse de croire que ton heure soit venu ! Je sais que tu es plus fort que ça !! Mama a besoin de toi ! J'ai besoin de toi alors n'abandonne pas !!*

Celui-ci redisparut brutalement sans avoir le temps de répondre. Les infirmiers avaient réussit à le ramener, et aspiraient le sang avant de refermer l'ouverture. Chris souffla, alors que tout son corps tremblait encore de frayeur. Non, il ne voulait pas perdre un de ses parents. Et rester seul n'était sans doute pas la solution.

¤Viens, mais couvres-toi...¤

Il avait changé d'avis. Elle se demandait si quelque chose s'était produit ou si finalement il n'en pouvait plus de cette solitude. La jeune femme plaça le test dans le drap de son oreiller avant de s'habiller plus chaudement. Quand son pull glissa sur son ventre, elle resta figée un instant. L'image du test l'obsédait. Elle évita d'observer le miroir, enfila son manteau et jeta son parapluie dehors. Grâce à la gouttière, elle réussit à descendre de sa fenêtre. Elle saisit son parapluie et l'ouvrit pour se protéger des gouttes qui tombaient sur elle. Lina n'avait même pas pris la peine de prendre son Ipod pour accompagner son voyage de musique. Non, ses pensées se faisaient beaucoup trop obsessionnelles pour qu'elle puisse en profiter. Elle arriva devant le grand bâtiment et ouvrit légèrement la bouche en voyant Chris sous la pluie, trempé. Mais bientôt, son parapluie se retrouva au-dessus de la tête de celui qu'elle aimait. Sa tête se posa contre son épaule, dans le silence le plus complet.

La pluie l'aidait peut-être à rester calme. A canaliser sa colère qu'il ne pouvait de toute façon pas décharger. Il n'avait pas de quoi frapper pour le moment, et bien que l'envie de le faire contre les murs ou un poteau soit forte, celui-ci ne pouvait pas amener à sa mère plus d'inquiétude qu'il n'en avait déjà. Quand au responsable de tout cela... non le croiser serait le pire des choix possibles. Parce que là ce serait un carnage. Alors l restait là sous la pluie, espérant que le froid de celle-ci fasse baisser sa propre température. Mais même trempé, celui-ci avait toujours l'impression de mourir de chaud. Finalement la pluie ne tomba plus sur lui, et ce fut à ce moment là qu'il remarqua que Lina était arrivée. La demoiselle se posa contre lui, et Chris fit de même. Des tremblements commencèrent à l'agiter, alors que des larmes coulaient. La vérité était qu'il était terrorisé. Mais il ne pouvait pas le montrer à sa mère. Celle-ci avait besoin qu'il soit fort, pour être soutenue, mais lui-même ne pouvait rien faire en cet instant, et le fait d'avoir vu celui-ci le choquait plus ou moins encore.

- J'ai.. si peur... je ne veux pas qu'il meure...

C'est ce que Lina réussit à percevoir entre les sanglots de celui-ci, les seuls morceaux compréhensibles entre ses tremblements. Une peur qui habiterait sans doute n'importe qui à sa place.

-Je sais. Chut, je sais.

Elle passa sa main dans ses cheveux tout en poussant un léger soupire. La jeune femme sentait à quel point il avait peur et elle le comprenait parfaitement. Chris avait déjà perdu un membre de sa famille proche et elle n'était pas certaine qu'il supporterait d'en perdre un autre dans ses conditions:

-Je suis certaine que tout va bien se passer. Ne t'en fais pas, ton père est fort.

L'italienne laissa Chris pleurer alors qu'il se nichait dans son cou. Elle sentait que ça lui faisait du bien et elle ne pouvait rien faire d'autre.

Cette fois ce n'était pas sa faute. Mais il ne pouvait rien faire pour l'aider, et c'était sans doute ça le pire. L'impuissance de sa situation. C'était si horrible de ne pas pouvoir agir. Mais ce qui le rassurait, était de ne pas le voir ou l'entendre à nouveau. La présence de Lina l'apaisait. Celle-ci ne pouvait pas faire grand chose d'autre, mais à ses yeux, c'était déjà énormément. De pouvoir décharger cette pression qu'il sentait sur ses épaules sans affecter sa mère. D'un autre coté celui-ci s'excusait mentalement de ruiner son habit, comme si la pluie ne suffisait pas en elle-même. Il resta là un temps indéfini, et une fois plus calme, rentra avec Lina dans l'hôpital. Après tout celle-ci était toujours malade aux dernières nouvelles, même si d'une maladie bien spéciale, mais lui-même ne le soupçonnait pas et avait l'esprit à des lieux de ça pour le moment. L'attente parut interminable et chacune des minutes fut comme des heures. Finalement un médecin passa les voir.

- Madame Volturno ?
- Oui ?

Chris et Lina se levèrent en même temps.

- Cela n'a pas été simple, et nous avons eut une belle frayeur à un moment, mais votre mari s'en sortira. Il est réveillé et ne semble pas avoir ni traumatisme crânien, ni soucis éventuels de mémoire. Il devra rester hospitalisé cependant le temps que ses côtes se ressoudent. Mas le pire a été évité. Vous pouvez passer le voir dans sa chambre si vous le souhaitez, c'est la 1583.

Le jeune homme eut un profond soupir de soulagement. Puis tous montèrent à l'étage et Patrizia embrassa son mari qui les accueillit avec un léger sourire, avant que Chris n'aille le serrer doucement dans ses bras.

- Je préfère te voir en vie, tu pourras te vanter de nous avoir fait peur, triple idiot.

Mais derrière la réprimande, il y avait surtout un profond soulagement et une inquiétude qui diminuait.