Il ne faut jamais nous enlever la vie d'un être cher...

Chris resta sans rien dire.

- Tu pourrais pas réagir un peu Volturno ?
- Pour quoi faire ? Plus tu vas lui hurler dessus, moins elle écoutera.

Il le savait bien.

- Si on t'agresse de parole, tu te refermes, là c'est la même chose.

Atalina grimaça. Il était fatigant de tout savoir comme ça. Antonio soupira:

_alors tu fais rien, elle plonge et tu fais quelque chose elle plonge aussi ?!

Le jeune homme soupira, Alessio soupira, caressa les cheveux de Lucas:

_Que peut-on faire alors ?

- Atteindre, et lui montrer que l'on reste là pour la soutenir, même si nous ne disons rien.

C'était certainement très énervant, mais Chris parlait du coup avec la voix de l'expérience. Lui-même avait connu tous les stades de ce genre de situation, sauf le dernier, qu'il avait frôlé de peu. Ce que Lina savait.

Elle restait là. Les bras sur sa poitrine. Se fichant royalement de sa santé. De ses blessures. Ou de son état fébrile. Tant mieux si il était fébrile d'ailleurs. Elle détèstait le fait qu'ils soient là. Qu'ils la regardent. Comme si ils attendaient tous quelque chose d'elle. ils n'avaient donc pas comprit ? Pas comprit qu'il ne fallait plus rien attendre de sa part ? Elle resterait inerte. Comme une morte. Sauf qu'elle était toujours avec les vivants. Pourquoi se nourir alors que tout lui semblait amère ? L'air qu'elle respirait lui semblait amère. La vie elle-même lui semblait amère. Qu'elle garce celle là. Pourquoi ça...Tout se passait si bien. Elle était si heureuse. Il avait fallut une seconde. Une seule. Pour que tout bascule. Son sang bouillonait alors que les larmes lui venaient. Elle avait envie de frapper. Une irrésistible envie de blesser. De se blesser. Sa faute. C'était sa faute. Et celle de personne d'autre.

Chris la regarda. Même s'il ne disait rien, il savait ce que sa petite amie traversait. La culpabilité, la haine, la colère, l'envie de ne plus rien ressentir, de quitter cette vie qui ne donnait soudainement plus rien de bien. Mais il n'abandonnerait pas Lina. Même si elle venait à le haïr, parce que c'était nécessaire d'être présent pour elle.

"Katty ?"
*Je t'ai entendu. Et oui je vais essayer.*
"Merci."

La jeune femme resta dans son silence. Elle ne prit pas la peine de soupirer. Ou de montrer qu'elle était en colère. Cela ne servait à rien. Ils allaient rester là. Peut-être que l'indifférence allait finir par les agaçer. Et qu'elle pourrait enfin souffrir en silence. Se faire ressentir une douleur plus violent afin d'oublier celle qui laissait un trou béhant dans son coeur. Une infermière arriva, demandant aux jeunes gens de partir. L'heure des visites était terminée. Elle sentie le regard de Chris se poser sur elle. Mais se refusa à l'observer. Elle savait qu'elle pouvait céder dans ses bras. Se mettre à pleurer. Comme une parfaite idiote. Elle n'avait pas le droit de pleurer. Car tout cela était de sa faute. Ils partirent tous les trois alors que Lina s'était levée pour fermer la fenêtre. Dormir. Le verbe oublier lui paraissait trop bon, avec un goût beaucoup trop délicieux pour elle. Mais elle voulait juste...Ne pas, ne plus y penser.

Chris était sorti à contre-cœur. Il ne voulait pas la laisser seule. Et les frères de celle-ci le savaient. Seulement, vu ce qui leur était arrivé, la fenêtre était presque inaccessible. Pas de rebords pour s'accrocher, pas vraiment d'arbres à proximité. S'en était rageant. Bon sang il devait y avoir un moyen !!

"Je vais trouver."

Chris commença à faire désespérément le tour, cherchant une solution pour rentrer de nouveau dans la chambre.

La jeune femme se releva, posa une chaise sous la poignée de la porte. Normalement, personne ne pourrait venir dans cette chambre. Et ainsi, elle pouvait être seule. Et oublier. L'italienne se posa sur son lit, observa autour d'elle. Son plateau repas était là. En face d'elle. Avec un couteau. Plutôt coupant. C'était une solution si facile. Certes, cela serait certainement douloureux. Mais comparé aux sentiments qui la submergeait, cela lui semblait doux. Si doux... Le bras de l'italienne s'avança doucement, légèrement hésitante. Elle tremblait de la tête aux pieds. Mais elle...Elle souhaitait juste ne plus penser.

Chris continuait à faire le tour des bâtiments, cherchant une solution pour réussir à monter dans les étages, lorsque soudainement se fit entendre un :

*Oh oh...*
"Que se passe t-il Catty ??"
*Lina à des idées qui lui passent par la tête qui se loin de me plaire.*
"C'est à dire ?"
*Se servir d'un couteau sur elle-même.*

D'accord, il n'allait pas perdre de temps et fonça à la réception sans attendre.

La jeune femme saisit l'objet, l'observa un instant. Cela serait si simple... Une coupure. Bien placée. Et tout serait terminé. Sa souffrance, envolée. Elle le savait bien, elle n'était pas aussi forte que Chris. Si Lucas ne se réveillait pas...Elle n'y survivrait pas. Mais Chris ? Que deviendrait-il si elle terminait son geste ? Avait-elle le droit de faire après tout ce qu'elle lui avait dit ? Avait-elle le droit de l'abandonner comme ça ? Après un moment de réflexion, elle jeta l'objet contre le mur. L'italienne s'installa contre le mur, mettant ses jambes contre sa poitrine. A ce moment là, elle détestait Chris. Parce qu'il était sa seule raison de rester en vie. Sa seule raison d'endurer cette souffrance.

Lorsque Chris sut qu'elle s'était calmée, il respira mieux. Mais entre temps il s'était déjà dirigé vers la porte de celle-ci. Bloquée, mais pas de manière à ce que ce soit à clé à juger la résistance de la porte. Il donna donc une bonne poussée pour rentrer et referma immédiatement derrière lui. Lina le regarda. A son regard, il savait déjà.

- Ce n'est pas une solution, et tu le sais, Atalina.

Atalina. Il n'utilisait son prénom dans sa totalité que dans de rares occasions. Ce prénom qui lui semblait si vide et si fade. Comme la fleur fanée qui était sur la petite table à côté de son lit. Elle tourna la tête, afin de ne plus croiser son regard. Les larmes ne devaient pas, ne pouvaient pas couler. Elle n'en n'avait pas le droit. Bien sûr. L'italienne savait très bien que ce n'était pas une solution. Mais pour éviter d'avoir mal, si. C'était l'unique solution. Mais voila, lui existait. Lui, il vivait. Et elle ne pouvait pas faire ça à Chris.

C'était vrai. Son prénom entier n'apparaissait que peu dans la bouche de Chris. C'était plus souvent son diminutif, ou bien encore les multiples surnoms affectifs qu'il pouvait avoir pour elle. Le fait qu'il prononce son prénom servait généralement à indiquer le sujet qu'il mettait dans le sujet évoqué. En l'occurrence, en ses choix. Le jeune homme se rapprocha un peu. Mais en restant à distance.

- Je connais cette douleur, la culpabilité qui nous ronge, la haine que l'on a envers soit d'avoir échoué, celle envers les autres qui ne peuvent pas comprendre. mais je suis là, et je connais ce que tu traverse. Mais aie confiance en Lucas. Il s'en sortira, c'est un battant, comme toi.

L'italienne s'allongea sur son lit. Elle se tourna vers la fenêtre, serra légèrement les poings:

-Non...Je ne suis pas une battante...

Elle avait juste soufflé ses mots. Mais elle se rendait compte à quel point, elle avait été naïve à l'époque. Elle avait toujours pensé qu'elle était très forte. Mais en vérité pas tant que ça...C'était juste une illusion, une image. Il ne comprenait pas. Si elle reprenait espoire et qu'il ne se réveillait pas...Elle n'allait pas y survivre. Lina ferma les yeux très fortement pour éviter de laisser les larmes couler.

- Tu l'es, quoique tu en penses, je l'affirme.

Et il ne changerait pas d'avis. C'est juste qu'elle souffrait énormément pour le moment, alors elle n'était pas capable de le voir. Ses proches étaient le seul point faible de Lina. Elle était capable de tout pour eux, mais en perdre un seul laisserait forcément un vide énorme. Mais ça, il ne le permettrait pas.

Elle se contenta de fermer les yeux. Il n'y avait plus rien à dire d'après elle. L'italienne qoupira à nouveau. Puis elle frissona légèrement. Il faisait froid dans la pièce, mais elle ne voulait pas bouger. De toute faon avec ses blessures, elle avait du mal à se mettre sur le côté. Elle ne perçcevait aucun bruit. Manifestement, Chris restait au même endroit:

-Dormir debout, c'est jamais agréable.

- Ne t'en fais pas pour moi.

Le jeune homme eut un sourire, et se déplaça pour la couvrir correctement avec les couvertures avant de lui laisser aussi sa veste. Pour qu'elle n'aie pas froid.

- Dors un peu, cela te fera du bien.
- Et toi ?
- Ne t'inquiètes pas pour moi, tu as déjà bien assez de soucis en tête.

La jeune femme soupira lorsqu'il s'occupa d'elle. Il était incroyable quand même. Elle pouvait toujours l'envoyer balader, il resterait près d'elle. A s'occuper de ses besoins. Alors qu'il allait s'éloigner, sa main sortie des couvertures et attrapa son poignet. Elle gardait toujours la tête sur le côté, mais tout en l'attirant vers elle. L'italienne avait besoin de sa chaleur et de sa présence même si elle ne voulait pas se l'avouer.

Bien sur qu'il resterait près d'elle. Chris l'aimait. C'était son rôle d'être présent dans les coups durs. De la soutenir, la réconforter. Ne se souvenait elle pas ? Il lui avait promit d'être là quand elle irait mal et de l'aider à se relever en Italie, au capitole. Sous les étoiles. Et l'italien n'avait qu'une parole. Le jeune homme s'assit et posa un bras sur elle, signifiant, je suis là. Ne t'en fais pas.

La jeune femme posa sa tête sur l'oreiller, se refusant toujours à l'observer. Au début, elle continuait à s'enteter avec cette idée folle. C'était sa faute. Pourquoi avaient-ils abordé ce sujet là ? Surtout dehors ! Avec la circulation, tout ça...Elle aurait du savoir que c'était dangereux. Si jamais il s'en sortait, il pourrait la nommer par n'importe quel nom. Car elle venait de se rendre compte à quel point ce détail était futile. Grâce aux caresses de Chris sur son bras, son esprit s'paisa peu à peu et elle finit par fermer les yeux et s'endormir.

Lorsque le souffle de la jeune femme finit par s'approfondir, et à devenir plus lent, Chris eut un léger sourire. Cela valait mieux qu'elle se repose. Pour avoir la force de veiller sur lui par la suite. Lui resta éveillé, à réfléchir, savoir ce qu'il pouvait faire, pour aider l'un et l'autre. malheureusement, ça se limitait à se montrer présent et lui faire garder espoir.

Mais même son sommeil n'était pas tranquille. Au début, il n'y avait pas de rêve, juste un repos paisible qui lui faisait le plus grand soin. Puis, elle revoyait le sang, les bruits flous aux alentours. Elle perçevait la cheveulure blonde de son frère, la couleur rouge tout autour. Tout était flou et suggéré mais cela lui suffisait. L'italienne savait très bien, les conséquences de cette image là. Alors, elle bougeait, gémissait faiblementa lors que la douleur l'envahissait.

Chris vint se poser doucement à coté d'elle, s'allongeant, et la serra contre lui, tout en lui caressant les cheveux. Il n'aimait pas la savoir agitée. Alors il faisait tout ce qu'il pouvait. Et il savait que le fait de lui caresser les cheveux pouait la calmer. Aussi un moyen de lui faire savoir inconsciemment qu'elle n'était pas seule. Qu'elle ne le serait jamais tant que lui serait là.

Et cela fonctionna. La jeune femme sembla se calmer. Elle passa le reste de la nuit tranquillement et les cauchemars avaient disparut. Ainsi, elle se reposa jusqu'au petit matin. Aux premiers rayons du soleil, elle ouvrit les yeux et sentie une main sur bras. L'italienne tourna la tête et remarqua Chris. Il dormait paisiblement, la tête sur son lit. Elle caressa ses cheveux tout en soupirant.

Le jeune homme avait veillé, jusqu'au moment où le sommeil soit passé le chercher avant même qu'il ne s'en rende compte. Cela avait été tout en douceur, fermant les yeux une seconde, le temps d'une respiration, ou de deux, et finalement de glisser dans le repos qui lui était aussi nécessaire,surtout qu'il n'avait pas tellement mangé et vécu pas mal d'émotions fortes.